Instinct of protection or the call of the blood {Yohan

"Tu viens avec nous, Ikuko-chan?" Je lève ma tête en entendant la question avant de sourire. Passé une soirée avec des camarades de classe. Ce n'est pas vraiment le genre de chose que je fais d'habitude mais pourquoi pas. Juste m'amuser, discuter, se voir en dehors des cours ou de l'hôpital. On se donne rendez-vous dans un des cafés branchés pour le moment de Roppongi. Le genre où on peut boire, s'amuser, discuter, danser. Ce soir pas de proie ou peut être bien mais car j'en aurai envie. Je n'ai pas vraiment fait attention à mes vetements, juste moi. L'étudiante, pas celle qui choisit ses victimes. Non, pas ce soir.

Les heures passent, les verres s’enchaînent, on rigole on s'amuse. Je me déhanche sur la musique, flirtant avec les hommes autours d moi. Sans penser à mal, juste comme font les autres. Même si l'un est lourd, trop lourd. Je le repousse gentiment avant d'aller au bar me prendre un nouveau verre.  Oh tu étais là. Je me retourne en voyant le mec de la piste à mes côtés. Il s'approche de moi, m'obligeant à reculer, mon dos se retrouvant bloquer contre le bar. Merde, je sais pas partir là. Tu sais que tu me plais, ma jolie? J'ose même pas lui répondre. Tellement je suis choquée de sa manière d'être. Sa main se pose sur ma joue, je le vois s'approcher un peu trop près de mon visage. Laissez-moi. Il rigole, mon sang se glace alors qu'il m'attrape la taille. J'essaye de détourner la tête mais il m'en empêche.  Je vais te montrer ce qu'est un vrai homme, je suis sur que tu en redemanderas comme les autres. Je sais pas quoi faire, je suis perdue. Tétanisée, jamais on m'a tenu des propos ainsi. Et je ais la seule chose de senser dans ma tête, je me mets à prier mentalement pour que quelqu'un vienne m'aider.

S'ennuyer comme un rat mort. Cette expression te va particulièrement bien ce soir. Tu es assis — et encore, tellement grand que tes pieds touchent largement par terre et tu pourrais être debout sans mal — au comptoir d'un bar très populaire de Roppongi, à engloutir ton cinquième ou sixième shot de Vodka polonaise, beaucoup plus forte que la Vodka russe, c'est bien connu. Comme presque une fois par semaine, tu es venu à ce bar avec un ami mais celui-ci doit être déjà en train de prendre une fille à la faire crier dans les toilettes tandis que tu fais le plancton au bar. Certes une ou deux filles sont déjà venues te parler mais elles sont beaucoup trop jeunes pour toi et ce soir, tu n'es vraiment pas d'humeur. Pas de raison particulière à ton humeur de chien. Tu es juste très grognon et ne veut pas t'emmerder avec une fille que tu jetteras dehors au matin. Ou avant. Alors, sous l'oeil un peu méfiant du barman, tu t'exploses consciencieusement la gueule aux shots de Vodka.

Et voilà qu'une scène se déroule sous tes yeux. Une fille que tu n'avais même pas remarqué est venue commander un verre au bar et a été rejointe par un homme un peu trop insistant à qui elle plait apparemment beaucoup. Tu les observes du coin de l'oeil, ton verre d'alcool levé à mi-chemin entre le comptoir et tes lèvres entrouvertes. Tu as haussé un sourcil circonspect. Tu ne réalises pas vraiment sur le coup, qu'elle est en train de se débattre, ton esprit étant trop embué par l'alcool. Mais ce n'est que quand l'homme te bouscule en voulant faire un pas de côté que tu claques ta langue contre ton palet, passablement énervé et exaspéré par l'alcool qui vient de te renverser sur tes doigts. For real, dude!? Tu marmonnes en te levant. Bien entendu, tu le dépasses d'au moins deux têtes. La jeune femme t'a dit de la laisser. Qu'est-ce que t'as pas compris, mon vieux ? Tu demandes en te redressant de toute ta hauteur. Tu n'as pas fait un pas en arrière pour mieux le regarder, au contraire, tu le laisses se rendre compte qu'il n'a absolument aucune chance face à un Yohan légèrement éméché et énervé.

Le mec s'esclaffe, t'énervant encore plus à cause de sa réaction. Non mais elle l'a quand même bien cherché ! T'as vu comment elle me drague aussi ? Tu tiques et dois te retenir de lui enfoncer très profondément ses gencives dans sa tête. Tu te penches lentement sur lui, tes yeux noirs comme la nuit brûlant de rage. Certes, tu as peu de considération pour les femmes mais ce genre de propos te font remonter l'acide au fond de la gorge. Les femmes ont le droit de se faire belles, de picoler, de sortir, de s'amuser, de draguer, n'en déplaise à votre petit cerveau arriéré et réfractaire à toute modernité. Ce n'est pas de leur faute, ce n'est pas leur méta-communication, c'est la liberté. Donc fuck off. Tu le sais que tu ne devrais pas t'énerver contre ce pauvre type complètement bourré ou défoncé, ou les deux, mais c'était soit une espèce de leçon grognée à sa figure soit un poing dans sa gueule.

Il me faut un bout de temps pour comprendre ce qui se passe. Les mecs bourrés je connais, j'en ai eu mon lot en cinq ans. Mais lui, ce soir, et je ne peux rien faire. Il me tient, il me serre contre lui. Son haleine fétide me donne envie de vomir. Sa main sur ma joue m'empêche de détourner la tête. Prise aux pièges, c'est ce que je suis. Je l'écoute pas blatérer voulant juste fuir cet homme, ce lieu. Priant pour que quelqu'un m'aide. L'un des barmans par exemple? Je sens pourtant des regards sur moi, mais personne. Alors j'essaye de me débattre comme je peux, réussissant à nous faire bouger.

Oh je l'entends ses noms qu'il me donne. Mais je n'ose rien dire, trop tremblante comprenant doucement ce qu'il risque de se passer si je le laisse faire. Déjà que je ne suis pas fière de moi, il veut m'enlever mon libre arbitre. Le droit de choisir, de ...

Il me lâche, et je respire. Quoi que je n'ai pas le temps de partir ni rien. Qu'il m'attrape le bras et le tire en me secouant. Mon regard tombe sur un étranger. Et là, je comprends qu'il veut m'aider. Un sourire de reconnaissance fleurit sur mon visage. L'autre continue à me secouer, et j'essaye de lui faire lâcher mon bras qu'il sert.

"Toi aussi, tu comptes te la faire ?" J'ai pas le temps de dire quoi que ce soit. Tout se passe trop vite, il me lâche hurlant des paroles incompréhensible. "Elle est à moi, pas à toi." Et il lance son poing.

Comme si un mec bourré pourrait toucher quoi que ce soit. Franchement? Les hommes sont encore plus cons quand ils ont bu. Ce qui se passe devant moi, j'en sais trop rien. Juste qu'on me demande de partir après suivit de celui qui m'a défendu. J'ai pas encore osé lui parler pour le remercier. Je lui lance juste des regards en coin, étonné que quelqu'un est prit la défense. "Merci". Mes mains jointes sur mes cuisses, je le salue en lui disant ça. Mettant toute ma gratitude de ce comportement absolument pas étrange pour des japonais. Et c'est là, en relevant ma tête que je vois, oh pas grand chose mais quand même. "Oh vous êtes blessés. Je vais vous soigner." Je lance un regard dans la rue en me demandant si c'est bon si je l'invite chez moi vu que je ne me promène pas avec une trousse ce soir.

Tu lèves les yeux au ciel devant l'acharnement de cet homme. Cet abruti. Se la faire. Il jette un oeil à la jeune femme. Jolie mais pas du tout ton genre. Tu n'aimes pas vraiment les filles à franges. Néanmoins, cela n'excuse en rien le comportement de cet homme et ce même s'il a un coup de trop dans le nez. Tu te places alors subrepticement devant la jeune femme comme pour la protéger au cas où l'homme aurait un coup de sang. Non, mon gars, je ne veux pas me la faire, je— Ledit coup de sang était bien présent. Droit dans ton nez. Fort heureusement, l'alcool lui coupe ses forces mais il t'a frappé assez fort pour que du sang coule de ton nez. Tu es plus choqué que dans le mal. Tu ne pisses pas le sang et cet homme est assez chanceux. Ou presque. Il a fait l'erreur de la soirée. Te rentrer dedans. Toi, tu te fous royalement du barman qui s'est tendu derrière son comptoir, des videurs à l'entrée qui pourraient intervenir à tout moment. Tu avales cul sec le peu de Vodka qui reste dans ton verre à shot avant de le poser et de te retourner vers l'homme qui se désintéressait presque de toi, pensant que tu avais eu ton compte.

Dommage.

Tu te décales légèrement pour pouvoir attraper l'homme par l'arrière du cran pour forcer, avec trois fois plus de violence que lui, le visage de l'homme contre le bord du comptoir. Tu sens sous tes doigts les os de son nez exploser et l'homme hurle de douleur et s'effondre à vos pieds, mais tu redeviens dans l'instant l'homme parfaitement calme et indifférent que tu l'étais avant cet excès de violence. Cependant, comme tu pouvais t'y attendre, les videurs ont été alertés et vous demande avec beaucoup d'insistance de sortir. Merde. Même pas le temps de boire un dernier shot.

Une fois à l'extérieur, la jeune femme te remercie. Tu hausses les épaules et te pinces l'arête du nez, penchant la tête en avant pour empêcher le sang de couler dans ta gorge. S'il y a bien une sensation que tu détestes, c'est le saignement de nez. C'est chaud, douloureux, ça brûle et c'est gluant, laissant le visage relativement collant. Hein, me soigner ? Tu ne comprends pas vraiment ce qu'elle te raconte, en premier lieu, et tu la fixes d'un air complètement perdu. Puis tu réalises qu'elle parle de ton nez en sang. Ça ira, ne vous en faites pas. Ce n'est qu'un peu de sang. Tu lui adresses un sourire distrait en essuyant le sang de tes lèvres et de ton menton avec le dos de ta main. Puis, tu sors ton téléphone de ta poche et commence à composer le numéro d'un taxi. Je vous appelle un taxi, que vous puissiez rentrer en sécurité.

Tout se déroule vite sous mes yeux. Le mec bourré m'insulte en me tenant. Un autre prend ma défense. J'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, que le premier essayé de taper le deuxième. Comme dans un film, je porte mes mains devant ma bouche pour ne pas crier que le type de retrouve au sol le nez en sang.
Je regarde surprise celui qui a prit ma défense. Je veux pour le remercier, mais rien ne sort de mes lèvres, tellement je suis choquée. Choquée non pas à cause de la bagarre mais par le fait qu'on nous mettent dehors. Personne ne nous demande si nous allons bien. Pire, j'aurai pu me faire violer sans que personne ne bouge. Je hais vraiment cette mentalité à la con où la femme n'est qu'un objet.

Dehors, j'arrive enfin à remercier mon sauveur. Je sors un mouchoir de mon sac pour le lui tendre en constatant qu'il saigne du nez. Et c'est là que je remarque les dégâts sur sa main. Ne vous préoccupez pas de ça pour l'instant. Je ne lui laisse pas vraiment le choix, vu que j'attrape sa main. Je suis médecin Enfin là, je mens dans quatre ans peut être, si tout va bien. Si je ne fais rien pour votre main et votre... je lève la tête pour regarder son nez[, vous allez souffrir demain. Sauf que je n'ai pas de trousse de premier soin sur moi. Je me retourne pour voir un banc dans un square et de l'autre côté un magasin qui vend ce que j'ai besoin. Attendez moi, sur le banc là bas. Je reviens.

Dire que pour une fois, je voulais juste m'amuser avec ceux de ma classe. Sans penser à rien. Je me sens coupable qu'il se soit battu et blessé par ma faute. Je sais que j'aurai pas dû danser comme ça auprès de se type. Mais ... Je le retourne pour voir si l'inconnu est toujours là avant d'entrer dans le magasin. Vaut mieux qu'il se laisse soigner sinon demain, son nez sera enfler et sa main, il risquerait de ne plus être capable de la bouger. Un sac de glaçon, du désinfectant. Enfin j'achete tout ce qu'il faut pour le soigner.

Tu fixes son mouchoir, avec une petite grimace qui te fait pincer les lèvres. Tu n'as jamais été très fan de la tradition japonaise du mouchoir qu'on prête à X ou Y. Certes, il est lavé après mais... Le peu de sang qui coule de ton nez ne mérite pas que tu attrapes le SIDA sur un mouchoir. Ou quelque chose dans le genre, pour ce que tu en sais, tu n'as jamais été très attentif à l'école et tu as fugué très jeune de toute façon. L'éducation n'est pas ton fort et, même si tu manies les mots à la perfection, il t'arrive souvent de te taire quand tu ne comprends pas quelque chose de peur d'avoir l'air stupide. Comme quoi, tu te dis, tu aurais mieux fait de retenir Daniel et de le forcer d'aller à l'école. Il ne serait peut-être pas mort, en plus de ça...

Non, je... ça ira... Sans mentionner que tu as l'autorité d'un poulpe mort. La jeune femme ne t'écoute même pas. Oh et puis why the fuck not. Après tout, elle semble ne te vouloir que du bien. Tu te laisses faire alors qu'elle attrape ta main. Alors comme ça, elle est médecin. Mensonge pour te faire rester ? Probablement, mais tu ne t'en préoccupes plus. Tu te contentes de hocher lentement la tête en soupirant. Voilà plusieurs mois que tu n'as plus eu personne pour s'occuper de toi alors sa volonté seule te fait chaud au coeur. C'est pour cela que tu te laisses faire. D'accord, ça va... Ta voix grave est beaucoup plus douce qu'à l'intérieur de l'établissement. Tu ne vois pas l'intérêt de hausser le ton. Étrangement, la voix de cette femme t'es familière. Pourtant, tu es absolument sûr et certain que tu ne l'as jamais vue auparavant. Elle a un air très familier, qui t'inspire immédiatement confiance alors que tu n'es pas de ce genre. Tu ne fais pas facilement confiance aux autres, hommes ou femmes confondus.

Tu obéis sans un mot et te diriges vers le banc qu'elle t'a désigné avant de s'éloigner vers le combini. Tu t'y laisses tomber comme une brique et te penches en avant, pressant les doigts sur l'arête de ton nez pour arrêter le saignement. Tes mains tremblent légèrement mais ce n'est rien. Tu ne paniques pas pour ça et attend patiemment ton infirmière.