Et la pluie s'invita pour le dernier acte~ [Shion X Mio]

Et la pluie s'invita pour le dernier acte~

Mio souffla sur la vapeur d'eau qui s’échappait de sa tasse. Elle laissa la chaleur de la porcelaine picoter l'épiderme de ses mains avant de la reposer. Elle aurait aimé que le temps passe plus vite. Que l'eau se refroidisse, qu'elle boive deux tasses, il ne lui en resterait plus qu'une. Et c'était le chiffre parfait. Elle récupèrerait ses affaires, sortirait quelques derniers mots faussement désolée, finirait son thé et partirait en voleuse. Les ruptures étaient affreuses. Affreusement embarrassantes. La jeune femme au coeur froid n'exprimait ni remords ni appréhension à prononcer les mots qui enterreraient des mois de vie commune. Elle se préoccupait peu, ou pas du tout, de ce que son partenaire pouvait ressentir ou penser. Ce qu'elle voulait éviter c'était les pleurs, les cris, les promesses d'avenir meilleur, les insultes et reproches qui tournait tous les agréables souvenirs en perte de temps amer. Comme un bon vin qui deviendrait soudainement vinaigre. Quand était la dernière fois qu'on l'avait largué ? Elle ne se souvenait plus. En général quand les choses commençaient à devenir ennuyeuses, elle partait en première. Ceci-dit cela devait déjà lui être arrivée... Qu'avait-elle ressenti ? Une sorte de honte. Un rougeur aux joues. De la colère peut-être ?

Ses yeux se promenèrent à travers la salle. Deux jeunes filles installées à quelques mètres gloussaient devant des comptes instagram depuis une dizaine de minutes maintenant. Elles étaient les seules autres clientes. Elle avait trouvé ce café, un peu au hasard, à son retour au Japon. Il était le seul à servir ce thé earl-grey britannique qu'elle appréciait tant et ne trouvait nulle part ailleurs. Le bâtiment en lui-même ne payait pas de mines. Assez vieux, on pouvait apercevoir des tâches d'humidité au plafond et des fissures longeant les murs recouverts de carreaux de mosaïque. Quelques tables en bois étaient disposées devant des tabourets et des chaises bancales. Rare était ceux qui venait se perdre par là et c'est sûrement cette tranquillité qui avait fait revenir Mio. Seulement maintenant qu'elle y pensait, elle n'aurait pas dû donner ce dernier rendez-vous avec Shion dans cet établissement en particulier. C'était celui de leur rencontre.

La jeune mannequin jeta un coup d'oeil à son portable. À cette heure-ci, le bel homme devait tout juste débaucher. Il devait, comme elle l'imaginait, encore passer chez lui pour récupérer les affaires de Mio et les lui amenés jusqu'ici. Ce qui lui prendrait encore un certain temps. Dehors il pleuvait. Pourquoi ce temps gris devait-il pointé son aspect mélodramatique en particulier pour ce moment ? Mio ne voulait pas de mélodramatique. Elle voulait juste courir jusqu'à un taxi et rentrer se sécher les cheveux. Elle était partie de chez elle, rendu naïve par un superbe ciel bleu, sans parapluie. Et s'était retrouvée à affronter une nuée. Elle avait froid... La sonnette de la porte d'entrée la surprit. Elle releva sa tête pour découvrir la silhouette de Shion. Il était en avance ! Elle n'était qu'à sa deuxième tasse de thé... Un soupir discret s'échappa de ses lèvres. Assise dans l'ombre, il ne semblait pas l'avoir encore remarqué et elle ne comptait pas l'appeler chaleureusement ou l'accueillir avec le sourire.

L'air autour d'elle devint subitement un peu lourd tandis qu'une brise fraîche vint secouer de frissons son échine. Mais pourquoi il pleuvait déjà ?

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Et la pluie s'invita pour le dernier acte~

Tenue ∇ Entouré de femme de tout âge à qui il fait les yeux doux. Shion joue le perfect boyfriend. C'est son travail, il aime jouer ce rôle, cette composition qui fait de lui un homme demandé par ces dames. Ce rôle, il le joue aussi pour ses propres relations. L'homme charmant, romantique, drôle, patient. L'homme qu'il n'est pas dans la vie réelle. Il en est même l'extrême opposé. Il était ce genre de personne que les parents cherchent à tout prix à éviter pour leur fille. Un sourire au coin des lèvres, un clin d'œil parfaitement placé et il s'extirpe des mains de ses femmes ne sachant pas quoi faire de leur argent. Il a besoin de respirer, de retirer ce masque qu'il s'oblige à garder durant son travail. Une fois seul, un large soupire s'échappe, la journée est longue, mais il ne lui reste qu'une heure à tenir. Puis son téléphone vibre. Un message qu'il n'attendait pas, ou du moins qu'il n'espérait pas. Mio, son actuelle petite-amie. Celle qui subissait, depuis quelques semaines, ses vagues de possessivité, et ses crises de jalousie. Pourquoi agissait-il de la sorte, alors qu'au fond, il se fichait pas mal de savoir si elle l'aimait ou pas ? Il lève les yeux au ciel en revoyant le surnom qu'il avait accolé à la demoiselle.

Avant qu'elle ne parte en voyage, tout deux avait eu une unième dispute. Son manque de communication durant cette semaine loin de lui n'avait pas perturbé Shion plus que cela. Il avait l'habitude de voir les filles bouder après une dispute, puis finalement, elle revenait en pleurant. Le message de Mio, c'était surement ce genre de message. Sans vraiment lire, il y répondit. Il avait juste remarqué cette demande plutôt déstabilisante. Elle voulait récupérer ses affaires. Il n'y réfléchit pas plus que cela, à vrai dire, il ne voulait pas y penser. Pour lui, il était impensable qu'elle veuille le quitter. On ne quitte pas Matsuo Shion. Les dernières minutes de travail lui parurent durée une éternité. Une impression de mourir d'ennui et peut-être une petite part d'appréhension par rapport à ce rendez-vous qui approchait doucement.

Puis la pluie, froide, battant les mèches de ses cheveux. Il courrait les quelques rues qui le séparaient ce café de son lieu de travail. Tout ce qui se passait lui rappelait sa rencontre avec Mio. La pluie, son manque de parapluie, cette envie de s'abriter quelques minutes et ce café. Il y était entré juste le temps de se réchauffer, puis il l'as vu assit seule à une table. Magnifiquement seule. Et il s'était approché avec son masque de douceur et de gentillesse. Le temps a voulu qu'ils finissent ensemble pour se retrouver jusqu'au jour d'aujourd'hui. Shion n'est pas un grand sentimental. Bien au courant, il se fichait éperdument des sentiments en général, et pourtant, au fond de lui, retourner sur le lieu d'une rencontre lui faisait toujours un petit quelque chose. La porte s'ouvre sur le lieu entre le pittoresque et le vétuste, la sonnette appelant l'hôte à remarquer le client. Il passe une main dans ses cheveux, les remontants vers l'arrière, puis il s'avance à la recherche de sa "chère et tendre". Ses mains se glissèrent naturellement vers les siennes, la recherche de sa chaleur et de son contact, ce contact dont elle lui avait privé pendant son voyage. Shion tente d'appeler son regard, entendre sa voix. Un sourire se dessine doucement sur son visage afin d'en obtenir un en retour.

« Tu voulais me voir princesse ? »

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Et la pluie s'invita pour le dernier acte~

Il l'a remarqua rapidement et s'avança vers elle. L'espace d'un instant, elle cru le revoir quelques mois plus tôt, regard malicieux, air déterminé, petit sourire. Elle l'avait vu venir à des kilomètres. D'humeur solitaire ce jour là, elle s'apprêtait à le remballer mais il avait parlé en premier et elle l'avait écouté... Ce fut ainsi que leur histoire commença. Elle n'eu jamais à faire un pas en avant, tout vînt naturellement, tous les efforts à faire étaient déjà faits. À croire qu'au fond il se fichait un peu d'elle et de ses sentiments. Tant mieux, elle n'en avait pas. Shion la traita comme une princesse et elle profita de ce statut...

Les choses s'envenimèrent. Tout insouciant de cette relation naissante, ils sautèrent les étapes et ne prirent jamais le temps de s'intéresser réellement à l'autre. Ainsi, elle se laissa duper par son beau visage, son physique avantageux, ses airs un peu princiers et ses manières galantes. Mais contrairement aux apparences, Shion était loin de partager le même statut social qu'elle. Il était host et elle était mannequin. Au fond leurs boulots se ressemblaient, il y était question de vendre une jolie image de soi. Seulement celui de Mio rapportait bien plus et était considéré comme un métier gratifiant par la société. À côté celui de Shion n'etaient bien vu que par ses clientes et par les demoiselles ayant besoin de calmer leurs hormones. La jeune femme s'en foutait pas mal. "Une mannequin en vogue fréquentant un homme des rues. La Belle et la Bête revisité, une histoire d'amour moderne !" Une histoire romancée comme celle ci aurait pu être un bon coup de pouce médiatique. Mais elle avait rapidement pris la décision de garder leur histoire discrète. Le problème venait de Shion. Quand il avait pris conscience que sa petite amie faisait la belle sur les écrans géants des rues de Shibuya, il était devenu possessif, jaloux, voir carrément obsessionnel. C'était déjà une raison suffisante pour le quitter, mais pensant qu'il ne s'agissait que d'une passade, elle avait persévéré. La jeune femme était d'ailleurs fière d'avoir tenu aussi longtemps. Seulement son "homme" avait commencé à devenir une gêne dans son travail, et ça, ce n'était plus possible.

Le contact des mains de Shion sur les siennes la fit tressaillir. Elle s'en dégagea rapidement pour lui mettre sa tasse chaude de thé entre les paumes. Plus pour le tenir occupé que par réel soucis de le réchauffer. Ça n'allait pas. Encore une fois, il se comportait égoïstement, gâchant tous ses plans. Elle sentit une rage monter en elle. Le frapper n'était pas une bonne idée... D'abord parce qu'ils n'étaient pas seuls, et puis si par le passé elle n'hésitait pas à user de ses poings contre plus fort qu'elle, sachant son frère derrière pour la protéger en cas de réplique, ils avaient tous les deux trop de renommé pour qu'elle la gâche de manière aussi stupide. Elle soupira et lui servit un demi sourire.

"Shion, je t'avais demandé de me ramener mes affaires n'est-ce pas ?" lui demanda t-elle en essayant de ne pas trop l'agresser par le ton de sa voix.

Les hurlements viendrait après...

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