[Without the dark we'd never see the stars -Aurora]

弱肉強食Jakunikukyōshoku

MUSIQUE
Je traîne les pieds pour une fois. Il est bientôt minuit et demie et j'ai promis à mon père de finir ses affaires avant de rentrer m'occuper de Kira. Je m'inquiète un peu pour elle, dans un coin de ma tête, j'espère qu'elle se brûlera pas en se faisant des noodles. Ca fait plus de cinq heures que j'traine du côté de Kabukichō, allant de droite à gauche passer des messages à intel et intel. J'ai finalement réussit à finir la transactions, il me reste plus qu'à rapporter les armes au client, un mec avec un tatouage sur tout le torse. J'le sais parce qu'il s'habille pas, histoire qu'on puisse bien le voir. Ca m'énerve quand je pense à mon père, j'comprends pas pourquoi il m'fait faire ça alors qu'il sait que je dois m'occuper de Kira le soir. C'est de plus en plus souvent qu'il me demande de l'aider à faire des trucs. Temps que c'est que des armes, que je m'en sors facilement et que je me fais un peu d'argent de poche, je dis rien. Mais il faudrait pas que ça aille plus loin. Je sais que derrière certaines portes des maisons que je foule, y a des gosses en train de pleurer, des femmes qui se font violer, des filles qui couchent pour de l'argent ou des bols de riz. Je sais qu'y a des gens qui meurent aussi, derrières ces portes que j'ouvrirais jamais. Je ferme les yeux, parce que ça m'concerne pas et que de toutes façons, du haut de mes quinze ans et de mon mètre soixante quatorze, je peux pas faire grand chose. Je reviens tranquillement, le sac de sport plein d'armes à feu reposant nonchalamment contre mon dos, les lumières des néons m'éblouissent mais la foule est moins dense qu'une heure avant et je circule plus facilement. En arrivant près du bar où je suis censé faire ma livraison, j'entends des éclats de voix. Let me go ! Je ne suis pas venue ! Le gars de l'entrée tient une fille par le poignet, une jolie fille, d'environ mon âge. Elle parle mal japonais, en fait je suis même pas sûr qu'elle parle japonais du tout. Mes yeux se plissent tandis que j'avance vers l'entrée afin d'observer la scène avec plus d'intensité. Elle a de longs cheveux et son jean colle tellement à sa peau que je connais la forme de son corps sans même l'avoir vu nue ou en jupe. Mes joues prennent une teinte rosée tandis que je passe à côté d'elle, je l'entends essayer d'expliquer qu'elle ne veut pas entrer. Le gars la tient fermement, il veut surement l'emmener dans une de ces pièces auxquelles je m'interdit de trop penser. Je m'arrête subitement, à deux doigts d'entrer dans le bar j'ouvre la bouche, sans me retourner puis la referme et secoue la tête. C'est pas mes histoires, papa m'a dit de m'occuper que de mes affaires, ce monde est dangereux. Alors j'entre sans me retourner, en serrant les dents. Puis je descends en bas, où je vois le boss qui a déjà préparé mon sac. J'le laisse vérifier la marchandise avant d'attraper le sac à dos noir et de filer en haut. Et je la croise dans le couloir, se débattant toujours, en pleurs cette fois. J'avale ma salive en la regardant. Merde, j'peux pas la laisser quand même. Comment j'pourrais regarder Kira en face si je laisse une fille se faire ramasser comme ça ? Je fais un signe de tête au gars qui la traine dans le couloir. Yo, tu fais quoi ? C'est ma copine, lâche-la, j'vais la ramener. Il me regarde ébahit et je le quitte pas des yeux en me plantant à côté de l'étrangère. Il me demande d'où elle sort pour pas parler le japonais. Ca te regarde pas. Bon, lâche-la j'te dis, j'ai d'autre business à faire moi, j'ai pas que ça à foutre d'attendre que t'arrêtes tes conneries, tu veux que j'descende en parler au boss, histoire que ça aille plus vite ? Il grimace et la lâche brutalement. Alors je la retourne gentiment du côté de la sortie et lui prend la main. On se casse. Je lui parle même si je suis presque sûr qu'elle capte rien. J'vais la sortir de Kabukichō, elle est pas en sécurité ici à cette heure-ci. Elle le savait surement pas, elle est peut-être en vacances. Je tente de me rappeler des leçons d'anglais que je faisais réviser à ma soeur mais c'est un peu compliqué. Je finis quand même par lui sortir quelques mots en sortant. Don't lost me. Et je raffermis ma prise sur sa main en lui jetant un regard curieux.

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