It's not an act

Tenue ∇ Les mains dans les poches, un casque vissé sur la tête. Shion marche d'un pas nonchalant. Il ne se décale pas pour laisser passer les autres, les bousculant presque volontairement, comme s'il cherchait l'affrontement. Surement un besoin de se défouler avant d'arriver au boulot. Pour ne pas craquer devant les clientes ou même sur les clientes. Femme ou homme, il ne faisait pas vraiment la différence. Après tout, elles voulaient l'égalité, avec Shion, elle l'avait dans tous les cas. Enfin, cette fois, personne n'avais fait l'effort de l'énerver suffisamment. Devant la porte du personnel, il soupire un grand coup, puis pousse la porte avec son habituelle mine patibulaire et apathique. À l'intérieur, le vestiaire est déjà plein avec ses collègues entre ceux qui finissent leur journée et ceux qui la commencent, la salle est pleine. Shion ne leur adresse pas un mot, pas un geste, rien qui peut sembler sympathique ou même simplement poli. Il ne manquerait plus qu'on lui demande d'être gentil avec ses collègues. Le simple fait de devoir jouer les gentils garçons avec les clientes lui prend parfois la tête, alors le faire en dehors, c'était hors de question.

Une fois changé dans sa fameuse tenue d'Host, ce genre de tenus qu'il ne porterait pas en temps normal. Ou du moins pas dans la vie de tous les jours. Il se rendait à l'intérieur du bar, un sourire coller aux lèvres, un sourire aussi faux que les seins de la femme qu'il venait de croiser. La plupart des femmes qui fréquentaient ce bar étaient des femmes mariées, âgées, dont l'argent leur brûle les doigts. Elles leur font enchaîner les shots aux garçons pour les saouler. Elles savent comment arriver à leur fin. Au fond, elles n'ont pas besoin d'aller aussi loin pour ça. Du moment qu'elles payent, Shion ferait n'importe quoi. Enfin, le garçon vint se glisser à une table où de nombreuses dames s'étaient installées, laissant échapper un compliment bateau qui les firent glousser. Du coin de l'œil, Shion aperçut son collègue. Hiro, ce mec qui arrivait parfois à lui sortir par les yeux sans rien faire. Il devait avoir commencé avant lui ou alors il venait d'arriver. Il n'en savait rien et franchement, il ne voulait pas en savoir plus. Du moment qu'il ne venait pas se mettre entre lui et ses clientes, tout allait bien se passer.

It's not an act

Tenue ∇Assis en tailleur sous mon kotatsu, je travaillais la poudre blanche. Je l'écrasais à l'aide d'une carte, la sectionnais à l'aide d'une autre pour enfin former un amas de poudre. Mes bras répétaient cette chorégraphie encore et encore pour obtenir une poudre fine et bien travaillée. Le ballet  se terminait lorsque les lignes étaient parfaitement dessinées. Munie d'un billet, je me penchais vers elles pour les sniffer. Rien de mieux qu'un peu de coc' avant de partir travailler.
Arrivé au taf, je fonçais dans les vestiaires pour me vêtir de l'un de mes costumes de travail. Ce n'était pas le plus beau mais mon pantalon était celui qui m'allait le mieux. Beaucoup de clientes m'avaient complimenté; la raison? Il me faisait un beau petit cul. S'il y avait eu un concours au bar, une chose aurait été certaine, je l'aurais remporté. J'étais assis à une table avec deux clientes, l'avantage de ne pas être trop populaire était que je pouvais bichonner correctement ces demoiselles. J'avais fidélisé ma clientèle de cette façon, je ne cherchais pas la place du premier ô loin de là! Je faisais le minimum syndicale, finissais toujours à l'heure et m'arrangeait même avec mes collègues les moins populaires pour que ces derniers fassent mes corvées à ma place en échange bien évidemment des gracieux pourboires récupérés tout au long de la soirée.
Lorsqu'on travaillait au même endroit que son voisin, on connaissait forcément ses horaires et d'après ces derniers, nous commencions à la même heure. L’inconvénient était que Monsieur n'avait même pas prit la peine de toquer chez moi pour venir me chercher. Quelle belle enflure! Il croyait quoi? Que je laisserai passer? Quand nos regards se croisèrent, je le toisais, lui faisant signe de me rejoindre près des toilettes. Après tout, c'était déjà l'heure de ma seconde ligne alors autant en profiter pour lui dire ses quatre vérités. Je m'emparais du menton de l'un de mes clientes pour lui dire d'une voix étonnement grave.

"Je reviens, garde moi la place au chaud et t'auras tout ce que tu veux!"

La politique comme quoi nous n'avions pas le droit à des contacts avec des clientes? Je m'en moquais bien!
Je me levais, me dirigeant d'un pas assuré vers les toilettes où je m'adossais au mur, les bras croisés tandis que mon indexe tapait nerveusement sur mon coude. Ma jambe droite était repliée pour consolider mon appuie contre le mur alors que je regardais dans la direction du merdeux, lui jetant des regards noirs pour qu'il s'active à me rejoindre. Il croyait que j'étais qui pour faire attendre, sérieusement?

It's not an act

Tenue ∇ Il avait commencé le boulot, commencé à tâter le terrain afin de voir qui dépenserais le plus afin de la privilégier aux autres, le tout en avoir l'air de le faire. Son boulot était plus ou moins ce qu'il avait de plus précieux. Le parton lui avait laissé sa chance malgré ses déboires avec la police alors la moindre des choses étaient de le repayer en faisant son boulot correctement. Pas d'histoire, pas de bagarre, et tout se passerait bien encore une fois. Ou du moins, il espérait vivement que personne ne se déciderait à lui prendre la tête. Cependant, quelqu'un n'avait pas l'air d'accord avec lui. Encore et toujours, le même. Hiro qui lui signifiait d'un regard bien à lui de le rejoindre. La réticence de Shion à aller parler à ce dernier était bien présente. Il savait que s'il avait une discussion ensemble, ça n'allait pas rester dans la limite de la politesse. Le garçon laissa échapper un soupir discret, avant de se lever du banc sur lequel il s'était confortablement installé. N'oubliant pas d'adresser un clin d'œil charmeur à ces dames qui s'était empressé de le retenir un instant. Traînant ses pas vers le grand mécontent de l'histoire, il leva les yeux au ciel en le voyant dans une telle position.

« Qu'est-ce que tu m'veux encore ?  » Lui adressa-t-il d'un des airs les plus agréables qui soit.

Il sentait bien que la discussion n'allait pas être des plus plaisantes et que malgré tout, il devrait essayer de garder son sang-froid. Chose qu'il n'était pas simple pour Shion. Il passa une main dans ses cheveux afin de frotter l'arrière de son crâne, geste qu'il avait tendance à faire lorsque quelque chose l'irritait. Il indiqua d'un coup de tête les toilettes afin de l'y faire entrer et d'essayer d'avoir cette discussion dans la plus grande discussion. Personne ne devait savoir qu'en réalité, Hiro et Shion ne s'entendais pas vraiment comme il le prétendait. Leur amitié n'étant qu'une façade, un rôle de composition à tenir en toute circonstance dans l'enceinte de l'établissement. Il poussa la porte afin de s'engouffrer dans la pièce.

« Fais vite, j'ai pas que ça à faire.  »

It's not an act

Tenue ∇C'est qu'il était en train de me faire attendre! Je le fixais avec insistance, mon regard noir ne se détournant pas de lui. Je serrais les dents pour contenir ma colère. Malgré mon regard et le creux qui se formait au niveau de l'articulation de ma mâchoire, je devais avoir l'air détendue face aux clientes du bar. Ma relation avec Shion devait sembler professionnelle et amicale alors qu'elle était tout le contraire. En dehors de l'établissement, nous étions constamment en train de nous disputer tandis que Ikuko se trouvait au milieu pour apaiser les tensions. Au travail, c'était plus compliqué. Elle n'était pas là pour nous tenir, pour régler nos différents.
Je toisais mon collègue du regard lorsqu'il s'approchait, échappant un sifflement à sa question. C'est qu'il faisait l'innocent en plus! Je levais les yeux au ciel pour enfin me décoller du mur. Je le suivais dans les toilettes. Une fois à l'abri du regard de nos clientes, la fin de sa phrase fut ponctuée par ma main sur sa joue. Il l'avait cherché! D'un mouvement de tête gracieux, je rabattais mes cheveux en arrière.

"Arrête de me prendre pour un con tu veux!?"

J'étais vraiment remonté contre Shion.

"Tu connais mes horaires, tu savais très bien que nous commencions en même temps! Ça t'aurais cassé le cul de venir me chercher?! Par ta faute j'ai dû prendre le métro tout seul!"

Si cela n'avait pas été Shion, ce prétexte pour s'énerver aurait été bien mince mais, ce n'était pas la première fois qu'il me laissait derrière. Je fronçais les sourcils, croisant de nouveau les bras en le toisant du regard. Il l'avait fait exprès et cela, juste pour m'embêter! Il le savait pourtant, que je détestais prendre les transport en commun seul! Nous n'étions jamais à l'abri d'une rencontre comme un homme ivre ou une jeune femme trop intéressée pour nous lâcher. Il le savait car ce n'était pas pour nos diplômes que nous avions été embauché ici mais bien pour notre plastique avantageuse et, s'il y avait bien quelque chose que je détestais plus que d'être seul dans le métro, c'était de me faire aborder par des gens beaucoup trop lourd et de devoir m'en débarrasser.

It's not an act

Tenue ∇ S'il y a bien une chose qu'il aurait voulu éviter, c'était de devoir parler avec Hiro. Ici, ils avaient le choix entre forcer une entente cordiale ou s'ignorer. On peut dire que la question ne se posait presque pas pour Shion. S'il pouvait voir Hiro le moins possible, alors il serait l'homme le plus heureux du monde. Hélas, le destin avait voulut qu'ils soient voisins en plus de travailler au même endroit. Et pour rajouter à son malheur, ils partageaient les mêmes horaires, il n'avait pas moyen de l'éviter. Alors même s'il avait préféré ne pas se rendre à ces côtés pour écouter ce qu'il avait bien à lui dire, il avait fait l'effort de le faire. De toute façon, il savait pertinemment qu'il n'aurait pas lâcher l'affaire tant qu'il ne serait pas venu le voir. Il s'était alors traîné jusque devant lui, avant de le faire entrer dans les toilettes. Il se doutait qu'il n'allais pas lui parler du palier devant leurs appartements ou de l'état du balcon. Puis d'un coup, une chaleur diffuse sur sa joue, une légère douleur. Il mord sa langue, son regard revenant vers le responsable, qui se met à beugler comme une vache. La raison ? Totalement absurde comme d'habitude, mais ça devait encore être un prétexte pour lui gueuler dessus. Il porte une main sur sa joue pour la frotter légèrement, une manière de retenir cette colère qui monté doucement en lui. Pas de bruit, pas de cris, pas de vague. Il devait rester calme, ne pas s'énerver.

« T'es sérieux là ?  »

Mais il ne pouvait rien contre sa nature profonde. Il n'accepte pas qu'on s'attaque à lui, personne ne lui avait permis de lever la main sur lui. Il se saisit du col de Hiro avant de le coller contre le mur le plus proche. Son bras posé contre son torse, il se retient, il ne force pas, mais c'était plus fort que lui.

« Je te dois rien, si tu sais pas te démerder tout seul c'est pas mon problème. Je suis pas ton boy.  »

Il le relâche finalement, pour aller se poser contre la porte d'un des wc. Les bras croisés sur sa poitrine. Il lâche un bruyant soupir

« Tu pourrais bien crever que ça serait le dernier de mes problèmes. Alors pourquoi t'insistes ?  »