Même si je te mens { Eien

# "Qu'est-ce qu'on dit les enfants ?" Lio sourit en serrant contre elle l'enfant, celui qu'elle s'occupe tout les jours depuis plus d'un an. Il ne veut pas la lâcher alors que les autres enfants lui disent merci. Aujourd'hui, la jeune femme est venu avec des vêtements propre, chacun a eu droit à quatre tenus totalement différentes vu l'arrivé des beaux jours. Ensuite, ils ont joués tous ensembles, avec François, le chiot que sa belle mère leur a offert à Eien et elle, après qu'elle lui est donné les papiers du divorce. L'enfant de quatre ans, la serre, posant sa tête sur sa poitrine pendant qu'elle raconte une histoire aux enfants. Le temps passe, les heures aussi, et quand son téléphone lui annonce qu'elle a un nouveau message, elle se souvient qu'elle doit rentrer. Même si elle lui a dit clairement qu'elle ne s'occuperait plus de lui. Qu'elle lui mènerait la vie dur pour qu'il accepte le divorce. Lio continue à jouer son rôle, celui qu'elle a accepté dans l'église du village d'enfance de Eien. Même si ça fait quelques temps qu'elle refuse tout contacte physiquement avec lui. Deux mois pour être exacte, deux mois où ils font chambre à part. Deux mois, où elle l'entend soupirer devant la porte de la chambre qu'elle utilise, celle de sa belle mère qui chaque soir, la console. Lui dit d'être plus forte.

La voiture s'arrête à sa place sur le parking prévu devant chez eux. Lio s'arrête un instant en constatant qu'il est déjà rentré. Chose étrange. Même depuis qu'il est devenu styliste Eien n'est jamais rentré avant vingt heure. Elle sourit tout en essayant de se souvenir si c'est un jour important. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de leur six ans, le jour où Eien lui a volé un baiser lors de leur deuxième rendez-vous mais ça, la femme l'a oublié. Elle ne retient que ses journées, ses nuits où elle a pleuré car elle était seule. Elle retient le fait qu'il n'était pas là le jour où elle a fait une fausse couche. Allez François, vient. Papa est rentré. dit-elle en français au chiot qui se précipite à l'intérieur de leur maison. Lio décide de ne pas rentrer par la porte principale. Elle fait le tour de leur maison pour entrer par la cuisine. Pour préparer le repas? Non, si il a faim, Eien cuisinera. Juste pour se servir un vin.

Le verre en main, Lio s'installe sur la petite terace, pour regarder le cour d'eau. C'est l'endroit qu'elle a toujours préféré dans la maison. Le jardin ancien, le petit étang, le cour d'eau qui traverse le jardin. Une truffe vient chercher sa main qui ne tient pas son verre. Lio baisse son regard vers lui, attrapant la balle poser sur ses jambes. Elle sait qu'il est là, son cœur bas la chamade comme toujours. Bonsoir, Eien. Ton verre est sur la table.

# La tête entre les mains, Eien revoit encore une fois les designs qu'il vient de finir de dessiner. Dans deux jours, il doit les présenter au patron afin d'avoir son approbation et pouvoir se permettre de faire les premières mesures. Tout doit être parfait pour qu'il puisse lancer la production des pièces qui serviront à habiller leurs nouvelles idoles. Lorsqu'il était mannequin, il n'avait pas à penser à ce genre de chose. D'autre les faisait et lui se contentait de les porter. Les choses étaient plus simples, mais il avait décidé de se reconvertir. Pas que son ancien métier ne lui plaisait plus, non, il l'adorait. Défilé sur les podiums avait été le rêve de sa vie, et il avait été heureux de le faire durant presque dix ans. Cependant, il avait préféré renoncer à sa carrière pour le bien de son couple. Ses voyages, ses absences à répétitions, les rumeurs qui lui collaient à la peau, tout ça avait raison de sa relation avec son épouse. Chaque jour, il avait l'impression qu'elle s'éloignait davantage de lui, il avait l'impression qu'il ne pourrait plus tenter de sauver leur couple. Qu'il ne pourrait plus éviter ce divorce qu'elle lui a demandé il y a quelque mois. Un soupir. Puis il rassemble tous ses dessins, range son bureau, récupère ses affaires et envoie un message à son épouse. Aujourd'hui, il s'est arrangé pour quitter plus tôt.

Aujourd'hui, c'est un jour spécial, et même s'il n'était pas un époux exemplaire, il avait le mérite de ce souvenir des jours important. Lorsqu'il gare sa voiture, il remarque que celle de Lio n'y est pas. Peut-être que sa mère lui avait emprunté et qu'elle, elle l'attend comme chaque jour. Dans la maison, pas un bruit. Il se débarrasse de ces affaires puis fait le tour des pièces afin de la trouver. Personne, il ne trouve rien de ce qui est habituellement fait. Au fond de lui, une légère peur s'installe. Elle n'aurait pas attendu son départ pour partir ? Ses affaires sont encore dans la maison. Il va se contenter d'attendre, dans le salon, un autre dossier sur les genoux. Peu de temps, le bruit d'une voiture se fait entendre, Eien ne bouge pas. Des pas, des bruits de porte, mais pas celle de l'entrée. Il le sait, c'est elle qui est rentrée. Sa mère serait venue le voir directement, elle, elle le fuit. Elle ne souhaite plus son contact, elle rejette ses avances, ils ne dorment même plus dans le même lit.

Il décale ses dossiers, quittant le canapé du salon et se dirige vers la cuisine. À la fenêtre de celle-ci, il l'as voit, assise, un verre à la main. Lio l'a bien fui, une fois encore. Dans ces moments, Eien aimerait juste passer ses bras autour d'elle, la serrer contre lui et lui demander de renoncer à ce divorce, de revenir à lui comme avant. Mais, il connaît que trop bien l'aboutissant d'une telle discussion. Alors, il se contente de se placer, bras croisé, contre la porte-fenêtre. Sa présence avait dû se faire ressentir, puisqu'elle le salue sans même levé le regard vers lui avant de tenter de le renvoyer encore une fois. Une impulsion, un peu contre sa propre volonté, il vient poser ses mains sur les épaules de Lio et dépose un baiser sur le haut de sa tête avant de s'asseoir sur l'une des chaises de la terrasse, les bras de nouveaux croisés contre son torse. Une position qu'il prenait bien trop souvent lorsqu'il voulait avoir une discussion sérieuse.

« Où étais-tu ? Qu'as tu fais aujourd'hui ? »

# Dès qu'elle est sortie de la voiture, Lio n'a qu'une idée en tête, l'éviter. Alors François, leur chiot courre tout content vers Eien en passant par l'entrée principale. La française quand à elle, récupère les sacs dans le coffre de la voiture avant de faire le tour de la maison pour rentrer par la cuisine. Elle sait qu'il va arriver, elle le sait. Elle sait qu'il va vouloir comprendre, et elle aura beau mettre les mots, les chercher dans cette langue qu'elle a apprit pour lui. Le lui dire en anglais aussi ou même dans sa langue maternelle, Eien ne comprendra pas. Un soucis de culture. Alors installée sur la terace regardant le jardin, tout en dégustant un verre de vin, Lio attend qu'il arrive.

Elle le sait hésitant de comment faire pour l'aborder. Alors, elle prend la parole la première sans le regarder, son regard braquer sur le petit ruisseau qui traverse le jardin. Ses joues prennent une teinte rosée quand il pose ses mains sur ses épaules, comme à chaque fois. Car le divorce qu'elle souhaite n'est pas pour un manque de sentiment, vu que Lio aime toujours Eien. Elle l'aime qu'elle se punit d'avoir fauté dans leur relation, elle l'aime mais il l'étouffe, ne comprenant rien à rien. Pour elle, il lui a créé une cage dorée. Les lèvres dans ses cheveux, lui rappelle l'avant, quand ils étaient heureux, avant que Eien ne fasse plus vraiment attention  à elle.

Quand il s'installe à ses côtés, Lio tourne la tête pour le regarder. Les courses. Elle ne lui ment pas, elle émet juste de lui dire qu'elle passe son temps à l'orphelinat et que son coeur bat pour un petit garçon qui l'aime aussi. Il n'y avait plus de melon, et tu sais que j'aime le melon. dit-elle en faisant une petite moue avec sa bouche, alors que son regard ne le quitte pas. La femme connait la position qu'il a prit, trop bien. Tout les jours depuis qu'il a décidé d'être plus présent, tout les soirs, il croise ses bras sur son torse, voulant avoir la même toujours la même discussion.  Et j'ai conduis mère, chez ta soeur. C'est étrange même encore maintenant d'appeler sa belle mère, mère. Mais les traditions obliges.  Si tu me crois pas, tu peux lui demander. murmure-t-elle avant de finir son verre.

Les rumeurs sont là, elle sait qu'on raconte qu'elle le trompe. Aucun des deux ne sait d'où vient la fuite sur la demande de divorce. Alors en attendant qu'il accepte de signer les papiers, Lio, joue l'amoureuse à l'extérieur et essaye de ne pas lui montrer qu'elle l'aime toujours en jouant à l'indifférente. Même si il n'y a que lui qui ne remarque pas qu'elle le regarde amoureusement. Son verre vide, elle se lève pour se poster derrière lui. Doucement, Lio pose ses mains sur ses épaules pour le les lui masser. Car après tout, elle a besoin de le sentir près d'elle, de sentir sa peau sous ses doigts.  Et ta journée, c'est bien passé? Pourquoi tu est en avance ?

# Tout deux installés, à se faire face sans vraiment le faire, comme s'ils allaient mener une guerre de positions. Et pourtant, rien de tout cela va se mener. Eien ne souhaite pas élever la voix, jamais contre sa femme et en soit, il n'as pas de raison de le faire. Alors comme à son habitude, il se contente de croiser les bras pour montrer ses intentions. A force, c'était devenu un automatisme. Dès que quelque chose ne l'enchantait pas, ou dès qu'il souhaitait converser, ses bras se joignaient naturellement. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Il pose sa question sans penser au ton qu'il emploie. Étrangement, lorsqu'elle sort de sa bouche, elle sonne légèrement agressive. Il s'en rend compte, mais au point ou il en était, il n'allait pas tenter de se rectifier. La réponse est plus ou moins celle qu'il attendait, il ne sait même pas pourquoi il l'avait posé. Surement à cause de ces rumeurs qui parvenaient à ces oreilles depuis quelque temps.

Il lui arrivait parfois de se demander si celle-ci était fondée. Si elle voyait vraiment quelqu'un d'autre, si elle ne ressentait plus rien pour lui. Cela expliquerait cette demande de divorce sortie de nulle part. Pour aujourd'hui, il penserait qu'il n'en est rien. Elle venait de parler de sa mère et de sa sœur, il se contenta d'esquisser un sourire. Il n'avait pas besoin de vérifier ses moindres gestes, il n'en voyait pas l'intérêt. Il relâcha ses bras pour passer sa main dans le pelage de François, alors que Lio vient se placer dans son dos. Ses mains se glissent sur ses épaules. Eien ferme les yeux, appréciant ce simple contact avec sa femme. Ses muscles se détendaient peu à peu. Parfois, ce simple contact lui manquait. Bien que Lio jouât encore ce rôle archaïque de femme au foyer japonaise, et prît soin de son mari dans les gestes du quotidien. À sa question, il ouvrit de nouveau les yeux et pencha légèrement la tête en arrière pour regarder son épouse.

« J'ai fini le dernier design que je dois présenter, alors j'ai pu rentrer plus tôt. »» Il se retourne légèrement et prend les mains de Lio dans les siennes. « Et... Je me suis dit qu'on pourrait passer du temps ensemble. » »

Il ne dira rien de la vraie raison pour laquelle il était là plus tôt. Il voulait qu'elle se souvienne d'elle-même, peut-être que se souvenir d'un tel moment rendrait les choses plus faciles pour leur couple. Peut-être devrait-il essayer de lui faire se souvenir par étapes. Comme s'ils revivaient leur moment six années après. Il aurait aimé la ramener au lieu de leur première rencontre pour rendre la chose symbolique, mais si elle accepte, alors ils devront se contenter de Tokyo.

« Sortir tous les deux, comme on le faisait avant.. »

# Deux mois, et elle a l'impression que ça fait une éternité, que Lio a posé les papiers du divorces sur la table, attendant.  Juste une fois, elle aurait voulu que Eien crie, se fâche. Maisil a juste croiser les bras, avant de lui dire non. Puis il a voulu savoir pourquoi elle voulait divorcer. C'est un tout, un ras le bol. Son rôle dans leur couple, femme au foyer. Elle qui voulait travailler comme maquilleuse, du jour au lendemain, il lui a arraché ses rêves, ses racines. Lui construisant d'autres rêvent. Celui d'un couple heureux, celui avec des rires d'enfants. Sauf qu'elle a faillit. Le jour où elle a apprit qu'elle était enceinte, elle a eu une fausse couche. Son beau père n'a pas voulu inquiéter son fils, et Lio aurait voulu que Eien soit là, qu'il la console. Puis y a eu les lettres de menaces, les photos de son mari tenant une autre qu'elle dans les bras, envoye anonyme. Une lettre, deux lettres, trois, de plus en plus.

Debout derrière lui, Lio lui masse les épaules. Une chose qu'elle a apprit dans son rôle de femme au foyer archaïque du Japon. Elle a tout apprit pour lui, pour être accepté par sa belle famille.  Chaque jour, les gestes sont les mêmes. Et elle a besoin de le sentir près d'elle, de le toucher. Car Lio aime toujours son mari, elle l'aime et ne veut pas qu'il souffre plus. Son regard se plante  dans le sien. Tu me montres les dessins? dit-elle en souriant. Après tout Eien est doué dans ce qu'il fait. La robe de mariée qu'elle a porté à leur mariage était de lui.

Il se retourne complètement, lui attrapant la main. Lio le regarde, baisse ses yeux sur leur main. Ce contacte lui manque, sentir des bras autour d'elle. Les mots tendres qu'il lui murmure d'habitudes. Elle relève ses yeux vers lui, souriante. On passe du temps ensemble. Chaque soir. Même si elle le repousse. Et pourtant la proposition la fait hésiter. Elle réfléchit tout en se reculant. Elle récupère son verre, lui en resserre un nouveau. Pour.. La française secoue sa tête en posant le verre devant lui. Que veux-tu faire? Même si elle sait qu'il va lui proposer une sortie dans la ville. Le seul moment où ils ressemblent encore au couple amoureux qu'ils ont été. Là, il pourra lui tenir la main, l'embrasser devant tous.  

# Silencieusement et comme elle le faisait depuis qu'ils s'étaient mariés, Lio s'était glissée derrière lui pour lui masser les épaules. Le fait qu'elle joue encore le rôle de l'épouse, alors qu'elle avait déposé les papiers du divorce sur la table il y a quelques mois, avait beaucoup déconcerté Eien. Il ne comprenait pas qu'elle puisse continuer ainsi alors qu'elle avait décidé de ne plus vouloir de lui comme époux. En attendant, et avant d'arriver au moment où il n'aurait plus le choix que de signer, il se contentait d'apprécier chacun de ses gestes envers lui. Ils étaient souvent emprunt d'une tendresse qu'il redoutait de perdre. Eien parle alors des nouveaux designs, ceux qu'il avait terminé juste avant de rentrer. Ceux qu'il avait laissés en plan sur le sol du salon alors qu'il venait la rejoindre. Il laisse un sourire se peindre sur son visage devant la curiosité de sa femme. Un léger hochement de tête pour lui signifier que cela lui ferait plaisir de lui montrer. Eien était heureux qu'elle prenne encore le temps de s'intéresser à son travail.

Puis, il se retourne et se saisit ses mains de sa jeune et belle épouse. Une idée en tête, celle de fêter cet anniversaire, oublié. Il annonce, comme une suggestion, de passer du temps avec elle. Et il sous-entend juste avec elle, loin de sa mère. En amoureux comme ils le faisaient lorsqu'il venait la voir à Paris. Il laisse échapper un soupir à sa réaction, oui, ils sont ensemble chaque soir. Chacun d'un côté de la table, du canapé, ou d'une porte. Eien n'attend pas qu'ils redeviennent le couple transit d'amour qu'ils étaient il y a six ans. Il espère juste pouvoir récupérer un peu de cette proximité qui lui manque tant. Mais, elle s'écarte de lui, se rassure un verre et pour seule réponse un ''pour''. Puis elle dépose un verre devant lui, lui demandant simplement ce qu'il souhaitait faire.

« On pourrait juste aller faire un tour. »» Il prit le verre qu'elle venait de lui servir et en bu une longue gorgée. « Sans but précis. » »

Sans but précis, pas vraiment. Eien avait bien un but, peut-être trop ambitieux pour le moment, mais il avait espoir. Il voulait reconquérir Lio. Le faire de la même façon qu'il y a six ans. Jouant sur le souvenir de leur début de couple, avec pourtant, des conditions différentes.

« Du coup, on pourrait manger dehors. Qu'est-ce que tu en dis ?  »»