who is in control (ren)

La sécurité du foyer. Isas qui peut se relâcher. Reprendre son interminable air impassible. Douleur, lui qui sort ce qu'il a acheté à la pharmacie. Regard qui se tourne automatiquement vers Ren. Soigne-moi. Le seul qu'il laisserait faire. Peut-être est-ce l'envie que Ren le touche qu'on peut lire dans ses yeux. Isas ne cherche même pas à la cacher. Entre eux, c'est comme ça. « Oui, commandons de la pizza. » Ren reste. Sourire emprisonné à l'intérieur mais Isas est réellement content. Et puis il y a ce regard. Il comprend, Ren sait. Isas ne répond pas, il acquiesce simplement de la tête. Il se laisse ensuite faire. Pantin dans les mains de l'autre. Son corps ne lui appartient plus. Ren en est le maître avec les fioles et bandages. Grimace qu'il retient lorsque l'autre tapote l'alcool sur sa blessure. Isas a été habitué à ne rien montrer. C'est interdit, pas vrai ? Il ne fallait pas pleurer quand il se faisait mal étant enfant ; ordre du paternel. Même les larmes au décès de sa mère étaient interdites. Il faut être froid, ne pas montrer un quelconque sentiment. La douleur physique elle aussi doit être minimisée, inexistante. Isas a bien imprégné ce principe, d'où son manque de réaction. Il a mal à l'intérieur, derrière les murs et la forteresse qu'on lui a construite. Ses yeux ne se focalisent d'ailleurs pas sur la blessure. Non, ils sont sur Ren. Ren dont le visage est parfait. Les traits harmonieux, doux. La peau sans défaut, les yeux. Fenêtres de l'âme en réalité laide mais qu'Isas croit parfaite ou presque. Pureté de façade qui lui plaît. Les lèvres, celles de Ren. Ses yeux les fixent, les veulent. Peut-être assez pour que le désir prenne le pas sur la douleur. Isas oublierait presque l'entaille, le sang. ça s'efface au profit de Ren. Si l'expression est sérieuse, Isas voit le changement. Ren; son visage qui se détend lorsque c'est fini. Il lève les yeux vers lui et Isas en est presque surpris. Il ne détourne pourtant pas les yeux. S'il savait sourire, il l'aurait fait. Petite esquisse qui naît au creux de ses lèvres. « Je vais essayer. » Fait, même si Ren ne lui donne pas du tout l'envie de rester impassible. Pizza commandée et Ren revient à ses côtés. Assis ensemble, une proximité troublante. Du style à faire naître des envies loin d'être chastes. Moitié de corps qui se touche. Et Ren qui prend sa main dans la sienne. Question qui lui est posée. Isas tourne la tête pour le regarder. « Un peu. » Toujours minimiser, règle d'or. « Peut-être que tu pourrais faire passer la douleur. » Il s'approche tout doucement en le cherchant du regard. Il ne veut pas d'inquiétude. Simplement le Ren habituel. C'est sans même prévenir qu'il vient l'embrasser. Fougue dans le baiser; assez pour faire basculer Ren sur le lit. Isas l'embrasse en essayant de ne pas s'appuyer sur sa main blessée. Sauf que dans son élan, ça finit par arriver. Grimace dans leur baiser. Et il se repose sur son flanc en regardant Ren. « Peut-être que tu devrais m'attacher pour que je n'utilise pas ma main. » A demi sur le ton de la plaisanterie, à moitié vrai. Sourire lancé et l'envie qui danse dans ses yeux. « La pizza arrive dans combien de temps ? » Sous-entendu, à moins que ce ne soit qu'une question pratique. Il a encore envie de l'embrasser.