Takagi Aoi

→ Je venais de franchir le seuil de la porte, tout en disant sur un petit ton ‘‘ tadaima''. Personne ne répondit, je ne percevais qu'une faible lueur qui venait du salon. J'étais de retour à la maison, dans la préfecture de Saitama, pour deux semaines environ. Je venais de rejoindre ma mère, une jeune femme dans la cinquantaine, assise sur le petit canapé, un livre entre les mains. Elle avait son sourire collé à ses lèvres, celui qu'elle avait durant mon enfance. Je venais de m'installer à ses côtés, lorsque je regardais, moi aussi, le livre posé sur ses genoux. Il y avait, dans ce petit livre bien décoré, beaucoup de photos de Kentaro et moi.

"Tu te souviens de ce jour où tu as voulu te couper les cheveux toi-même ?" Dit-elle avec son rire communicatif bien à elle, tout en pointant une photo de moi, avec un côté de mes cheveux coupés très court ; et l'autre côté encore intact..

Je la regarde, faisant une moue pour oublier ce petit moment gênant, tout en secouant ma main devant mon visage, avant de rire moi aussi.

Je n'avais pas à me plaindre de mon enfance. Mon père est une personne stricte, mais je pouvais toujours compter sur ma mère pour le faire changer d'avis. Il n'en restait pas moins un homme gentil avec ses enfants, leur laissant faire ce qu'il voulait, tout en gardant une forme d'autorité. Mon père est fonctionnaire, essayant de gravir les échelons et avec un humour bien pourri. Ma mère était femme au foyer, voulant s'occuper comme il se devait de ses deux enfants. Elle était toujours souriante, attentive. Je l'ai toujours pris en modèle de ce côté-là. Et il y avait mon petit frère. Kentaro. Il avait un an de moins que moi. C'est le genre de personne avec qui on se sent bien. Bon à l'école, bon dans tout ce qu'il entreprenait, bref le garçon-modèle par excellence. On a une bonne relation, même partie de la maison, je reste souvent en contact avec lui.

Et il y a moi. Aoi. Que dire ? Et bien, je ne suis pas douée pour les études, mais je me débrouillais, bien que je ne sois pas comme mon frère. Il n'y a jamais eu de compétition ou de truc du genre entre mon frère et moi. On s'entendait plutôt bien à vrai dire. Je traînais souvent avec mes amies du lycée, avant de quitter ma ville natale et de m'installer à Tokyo, avec l'aide de mes parents et l'argent que j'avais économisée. Pourquoi vouloir partir dans une ville inconnue ? Cette ville me fascinait depuis mon plus jeune âge. Mais j'avais envie d'en savoir plus. Je pensais que là-bas, je pourrais en apprendre plus dans le domaine littéraire et pourquoi pas, ouvrir ma propre librairie ou un truc dans le genre. Au début, mes parents n'étaient pas d'accord, refusant que leur fille aille seule dans cette grande ville inconnue et hostile, pour eux. Mais après des mois et des mois d'acharnement ils m'ont laissé voler de mes propres ailes, mais avec quelques conditions bien sûr.

Je venais de fraîchement débarquer dans cette grande ville, qui me faisait à la fois, fascinée et peur. Mais j'étais prête pour ma nouvelle vie.

J'étais toujours dans mes pensées, lorsque j'entendis des bruits provenant de l'entrée. Mon père et mon frère étaient de retour. Maintenant, je voulais profiter de cette vie familiale que j'avais quittée et qui me manquait parfois.