who is in control (ren)

Isas l'a invité chez lui. Il n'a pas de raison valable. Ils n'ont aucun devoir à faire ensemble, rien du tout. C'est peut-être pour ça que c'est si agréable. Ils ne sont liés que par leur rencontre hasardeuse dans la salle de musique. Par les heures passées ensemble, Ren qui joue, Isas qui le regarde. Il dessine parfois et ça lui arrive de faire le portrait de Ren. Ren qui lui offre le son des anges et puis bien d'autres choses. Après tout, ils ont appris à se connaître un peu mieux une certaine soirée. Et les voilà, chez les Ueda. Dans l'antre familiale, le cœur battant des affaires et de ce qu'on appelle une mafia. Un clan, peu importe à vrai dire comment on qualifie le tout. Tout le monde sait que c'est dangereux, illégal. Ren l'a probablement deviné en voyant les hommes du père d'Isas. Ils sont habillés en noir, ils laissent apparaître quelques tatouages. Et pourtant, il est entré. Il n'a pas pris peur comme les autres. Peut-être que ça plaît à Isas. Il aime savoir que Ren n'est pas comme les autres. Il lui a rapidement fait visiter la maison. Isas n'est pas du genre à s'extasier. Et puis c'est plutôt impersonnel. Il n'aime pas cet endroit. Trop de vide, trop de souvenirs et pas forcément les meilleurs. Isas voudrait en effacer beaucoup. Cette maison n'a jamais été un foyer pour lui. C'est plus une prison qu'autre chose. Etrangement, il a quand même décidé d'inviter Ren. Autant être en bonne compagnie. Il sait très bien qu'entre eux, ça se passe toujours bien. Aujourd'hui n'a pas fait exception à la règle. Isas a allumé la console. Il joue, manette dans les mains. Sauf que son bras est autour de Ren. Il ne sait pas pourquoi mais lorsqu'ils sont ensemble, il a ce besoin irrémédiable de l'avoir près de lui. Ren est beau, parfois sauvage. Isas se plaît à jouer avec lui. Sa partie se finit et il décide de s'amuser autrement. Il caresse les cheveux de Ren, le regarde sans aucun problème. Un peu prédateur, sourire aux lèvres. Sa main descend dans la nuque de l'autre et puis sur son épaule. C'est doux, différent de ce qu'Isas montre d'habitude. Sauf que derrière cette apparente douceur, il y a d'autres intentions. Elles bien moins douces que ce que l'on pourrait croire. Ren y a déjà goûté une première fois, il sait de quoi Isas est capable. Peut-être que ça devient intense pendant quelques secondes. Mais ça ne dure pas. Tout est ruiné par un incapable qui toque à la porte, appelle Isas. Il mentionne son père. Le jeune homme se lève. Il entreouvre la porte et écoute ce qu'on a à lui dire. Apparemment, il n'a pas le choix. « Je dois faire quelque chose pour mon père. Est-ce que tu veux venir ? » Ren en a le droit, Isas le juge digne de le suivre. Même pour des affaires aussi particulières...

Ren semble enfin servir à quelque chose pour le clan. Il a toujours eu l’impression d’être une poupée qu’on logeait et nourrissait, gardait à l’abri des regards jusqu’au jour où elle sera enfin utile et devra sortir dehors pour se débrouiller seule. C’est à présent le moment pour lui. Il tourne le regard vers Isas assis à ses côtés, le regard concentré sur la télé et le jeu vidéo auquel il jouait depuis une bonne heure déjà. Dire que c’est avec son double féminin qu’il aurait dû se trouver en ce moment, mais il a fallu qu’elle aille étudier aux états-unis. Ren ne veut que très peu s’avouer préférer de loin l’alternative qui s’est présenté à lui. Il prétexte le fait de vouloir mener à bien la mission de son frère, mais il mentirait s’il disait qu’être en compagnie d’Isas était déplaisant. C’est loin d’être le cas. Isas est beau, doux et intelligent. Etre en sa compagnie lui procure un sentiment étranger. Ren s’est rapidement habitué à sa présence et il en vient parfois à oublier que tout ceci n’est pas censé être réel. Il ne sur joue rien du tout. Parfaitement authentique en compagnie de cet homme dont il a pour but de trouver le moyen de détruire la famille. Ironique, presque drôle. Alors même quand il arrive chez Isas et voit plusieurs hommes tous habillés de noir, il ne peut pas vraiment jouer le garçon intimidé ou effrayé. Il est habitué à ce genre de scènes puisqu’il la vit chez lui au quotidien. Il les observe simplement, va même jusqu’à les compter pour savoir s’il y’en plus que dans sa maison. Simple question d’orgueil personnel. Il sourit devant les doux traits d’Isas et reporte son attention sur l’écran, se calant un peu mieux contre son bras. Leur promiscuité physique est devenue de plus en plus habituelle, des caresses, des effleurements, parfois plus. Son cœur commence d’ailleurs à battre un peu plus vite avec les caresses du garçon, son sourire qui lui donne une idée claire sur ses intentions. Mais ils sont interrompus. Dommage. Ça aurait été une occasion parfaitement pour se rapprocher un peu plus. Mais Isas lui tend une bien meilleure perche. « Tu es sûr ? Je veux bien. » Ton désinvolte, mais cette proposition est de la plus haute importance à ses yeux. Il se lève et se rapproche d’Isas, effleurant doucement son bras de sa main. « Je te suis. »

C'est habituel qu'on vienne l'interrompre. Il faut dire qu'on ne lui demande pas son avis. Quelqu'un vient et Isas finit par le suivre. Pas le choix, les ordres viennent d'en haut. Le paternel, toujours lui. Sa pauvre mère, elle, ayant fini au cimetière. Malade et malheureuse. Et puis Isas est le seul disponible pour la famille. Sa sœur s'est barrée sans aucun scrupule. Aucun remord, l'égoïste. On lui parle de ce qu'il va devoir faire. Rien de bien extraordinaire. Isas n'aime pas franchement obéir mais contredire les ordres serait pire. Il sait très bien de quoi son géniteur est capable. Il se sent pourtant frustré d'avoir dû arrêter les caresses. Ren et lui, c'est spécial. Il y a cette alchimie, cette envie permanente lorsqu'ils sont ensemble. Et Isas ne veut pas qu'il parte tout de suite. Alors il lui propose de venir. Etrangement, il n'a pas peur de lui. Ren lui semble mystérieux mais pourtant pas hostile. Dommage, l'erreur de jugement est inévitable. Ren lui revient. Isas acquiesce. Bien sûr qu'il en est certain. Après tout, il est celui qui propose. Il sourit lorsqu'il sent la main de Ren effleurer son bras. Isas sait que ça n'a rien d'accidentel. C'est un jeu. Et ils finissent par sortir. Ils retrouvent les hommes des Ueda. Habillés de noir, cliché. Direction la voiture. Question d'intimidation. Sauf qu'Isas est distrait sur le trajet. Il regarde le paysage, oublie presque où il se rend. Sa main est posée sur la cuisse de Ren. Habitude, peut-être juste l'envie de le toucher qui prend le dessus. Et la vue devient de plus en plus laide. Ils descendent. Isas fait en sorte de garder Ren à ses côtés. Il a fait promettre aux employés de ne rien dire sur sa présence. Il ne voudrait pas devoir se confronter à son père. C'est bien trop prenant. Ils entrent dans l'entrepôt. Vague d'hommes hostiles. Et Isas doit prendre le contrôle. « Attends-moi là, j'en ai pas pour longtemps. » S'il emmène Ren, il ne compte pas non plus le mettre en danger. Il s'en voudrait de faire de lui un dommage collatéral. Isas entre dans le bureau. Pièce qui ne cachera pas à Ren ce qu'il va faire. Oui, la fenêtre est bien trop grande pour une atmosphère intime. Isas parle, réclame l'argent que l'homme doit à sa famille. Et puis ses poings prennent le relais. Quelques coups bien placés, assez pour voir un peu de sang couler. Il n'est jamais lui-même dans ces moments-là. On l'arrête toujours avant qu'il ne fasse plus que prévu. Dernière menace et il sort du bureau. Du sang sur les mains, le sien ou peut-être pas. Il rejoint Ren. Bizarrement, il est très calme. Peut-être qu'il tient de son père. « Désolé. C'était pas trop long ? » Il lui demande ça comme si c'était normal. Comme s'il venait de faire quelque chose de banal. Isas ne sait pas si c'est fini. Une question retentit. « Est-ce qu'on a d'autres gens à voir ? » Sa main vient se poser sur l'épaule de Ren. Et puis il la retire en se rendant compte du sang. « Je sais de quoi ça a l'air mais je devais le faire. C'est...pour la famille. » Justification douteuse.

Isas c’est censé être une simple mission. Ren ne fait que suivre des directives. Il devait séduire à Ueda et arriver ainsi à s’introduire dans leur réseau, le premier choix a été pour la grande sœur Ueda. Mais elle a quitté le pays à peine une semaine avant que Ren ne pense à tenter quoi que ce soit. Pourtant, il n’a pas voulu baisser les bras pour autant. Pour la première fois, son grand-frère lui accordait sa confiance, il avait de l’importance dans le clan. Ce n’était plus l’enfant à qui on ne disait rien, ne partageait rien. Ren a un rôle, une raison d’exister. Et il compte bien y arriver. C’était une rencontre fortuite, puis des échanges de plus en plus fréquents. Aujourd’hui, il est considéré assez proche, assez fiable pour que Isas le juge méritant de venir chez lui. Les deux garçons ont évolué dans le même milieu alors Ren sait parfaitement à quel point ce genre de geste est important. Lui-même n’inviterait pas n’importe qui chez lui. Pourtant, il est dans la chambre d’Isas, à moitié allongé contre lui. Ils s’échangent des caresses et des regards avant d’être interrompu. Avec Isas, Ren n’a pas l’impression de jouer un rôle. Il aime sa présence, ses caresses de plus en plus intimes. Il aime ce qui se crée autre eux. Il ne ment pas vraiment. Il a beau vouloir prendre ses distances émotionnellement, il s’attache aussi. C’est difficile autrement. Isas est doux avec lui. Il le fait se sentir bien. Alors Ren profite, de ce qu’ils ont, le temps qu’ils l’auront. Jusqu’au jour de la grande trahison, quand tout se cassera. Il ne veut pas y penser. C’est comme un cauchemar, seulement le réveil n’est pas en option. Il durera pour toujours. Il est encore plus surpris quand Isas lui propose de le suivre. Occasion parfaite. Ils sont ensemble dans la voiture, la main de d’Isas posée sur sa cuisse dans un geste qu’il a toujours jugé possessif. Il se contente d’observer autour d’eux, faire un plan de l’endroit où ils se rendent. Les affaires. Isas ne lui permet pas d’aller plus loin dans l’entrepôt où ils s’arrêtent. Il a surement peur pour lui. Ren a un sourire à cette pensée, celle que quelqu’un s’inquiète pour lui. Pourtant, le plus grand danger dans cette salle, c’est lui-même. Parce que lui, personne ne se doute qu’il est l’ennemi, le vrai homme à abattre. Il entend des brides de conversation, voit des moments de l’altercation. Avant qu’Isas ne revienne. Il est différent un peu, calme malgré son acte. Ren réalise un peu plus la situation, Isas, malgré les mots doux, ça reste à Ueda. L’héritier qui plus est. C’est un homme qu’on a entrainé, qui peut le tuer s’il découvre ce qu’il manigance. Etrangement, l’idée loin de l’effrayer, l’excite. Il est taré. « Ne t’en fais pas, c’était rapide. » Sourire chaleureux. Il observe à nouveau la main ensanglanté Il attrapa un mouchoir dans sa poche et attrape la main d’Isas qu’il essuie doucement, ce n’est pas parfait, il reste toujours des traces. « Ça fera l’affaire. » Aux côtés d’Isas, Ren est l’image d’un lac paisible. Il se contente de vivre les choses, accepter les actes de l’autre. « Tu sais ce que tu fais et je n’ai pas à te juger. » murmure-t-il, des deux, c’est bien lui le pire au fond. Il attend ensuite de savoir. Si Isas a d’autres personnes à voir.

Isas, il obéit. Il fait ce qu'on attend de lui, il joue à l'héritier parfait. C'est toujours en silence qu'il accomplit sa tâche. Il n'est jamais vraiment lui. Isas ne prétend pas être quelqu'un de bien ou une connerie dans le style mais sans cette famille, jamais il n'aurait été là. C'est à cause de ce patronyme qu'il se retrouve dans un entrepôt à régler quelques affaires familiales. Heureusement, il n'est pas tout seul. Ren change la donne, rend la chose un peu moins ennuyante. Pour Isas, c'est presque routinier de faire ça mais que Ren soit là, ça ne l'est pas. Si son père apprenait qu'un intrus suivait ses affaires, Isas regretterait sérieusement sa décision. Pourtant, il sait que leurs employés se tairont, à part peut-être quelques balances. Sauf qu'Isas, ce n'est pas le genre à se laisser faire. Tous savent qu'il y a deux personnes en lui. Celui qui a frappé cet homme et celui qui est revenu à Ren tout naturellement, Isas qui rend ses actes normaux. Ils deviennent banals. Monde cruel. Il lui parle normalement, geste doux dans sa caresse. Il sourit aux mots de Ren, esquisse partagée. Et puis Isas sent qu'on attrape sa main, celle ensanglantée. Mouchoir et Ren essuie les traces. « Merci. » Murmure, c'est nécessaire. D'autres paroles se font entendre. « On continue alors. » Faible réplique, Isas est troublé mais pas déçu de cette réaction. Ren tolère, accepte. L'accepte t-il lui ? Isas se perd dans cette pensée. Une voix s'élève et ils reprennent leur chemin. Voiture, même manège. Isas garde par contre ses distances physiquement. Il ne voudrait pas envahir Ren sous les yeux des hommes en noir. S'il se fiche de ce qu'ils peuvent penser, il n'a pas envie que quiconque puisse utiliser Ren contre lui. C'est déjà assez dangereux de l'emmener. Peu de route, ils arrivent sur les docks. Isas marche toujours devant, il est le premier avec le bras-droit qu'on lui a assigné aujourd'hui. Ils échangent quelques banalités. Il a laissé Ren avec d'autres hommes, il veut tout de même lui faire garder une certaine distance. Etrangement, le sang ne coule plus au niveau de sa main. Il est sec, la douleur le lance un peu mais c'est supportable. Bien sûr, il ne serait pas contre le fait que quelqu'un le soigne, surtout si c'est Ren. Isas chasse bien vite sa faiblesse pour redevenir ce lion en cage. Sa voix est calme, posée. Ses mots sont presque mécaniques, tout s'enchaîne. Une scène similaire sauf que cette fois-ci, Isas ne frappe pas. Nul besoin puisqu'on le rembourse. Et cela bien sûr avec quelques intérêts. Mission effectuée. L'héritier s'échappe de là. Séparation, ordres donnés. « Vous pouvez ramener l'argent à mon père. » Isas, il s'en fout de ce pognon. Ce n'est rien pour lui et puis il n'a pas envie de voir son géniteur. Il préfère le haïr de loin. Isas demande une voiture et un chauffeur, direction la pharmacie. Il laisse son Ren dans la voiture, l'abandonne. « Je fais vite, promis. » Et Isas revient avec un sachet, tout ce qu'il faut. Il n'a qu'une envie : s'enfermer dans sa chambre. Pas de crise adolescente, juste aucune envie de tenter le diable. Monsieur Ueda ne vient jamais dans leur vraie maison, il se contente de passer ses journées à son bureau. Il alterne entre le bureau et le qg. Isas connait ses horaires, c'est une opportunité à ne pas manquer. La voiture leur offre finalement une vue familière. Villa Ueda. Isas congédie le chauffeur et entraîne Ren à l'intérieur. La main non-blessée tient celle du garçon. Pas pressés, poigne ferme. Et il pousse Ren à l'intérieur de sa chambre. Porte refermée, monde meilleur. « Désolé pour tout ça, j'aurais voulu une après-midi plus tranquille. » Confession. « Tu restes ce soir ? On peut commander quelque chose. » Isas déballe les bandes et tout le reste pour soigner sa main. Ses yeux se tournent immédiatement vers Ren. Il aimerait bien qu'il l'aide. Surtout que parce que ses remèdes sont les meilleurs...

Parfois, il peut oublier qui est réellement Isas. Il a souvent l’air doux, inoffensif. Leurs nombreux moments passés à deux dans la salle de musique de l’université, tard le soir, lui donnent souvent parfois l’impression qu’Isas est normal. Qu’ils sont normaux. Pas de manigances, de vengeances et toutes les conneries qui les suivent. Non. Ren joue au cello, Isas l’écoute, parfois le dessine. Une bulle irréelle où ils s’enferment pendant des heures sans jamais se lasser. Puis, il y’a les baisers et les caresses qui ont naturellement pris part de leur quotidien. Tout se fait doucement, comme si les choses devaient être ainsi. Comme si Isas n’était pas l’héritier de l’une des familles les plus influentes et dangereuses de la ville et Ren, celui d’une autre famille rivale. Il baisse les yeux vers la main ensanglanté, jauge sa force, la manière dont elle pourrait bien lui empoigner le cou et le serrer fort. Les doigts qui s’enfonceront dans sa peau fine jusqu’à ce que l’air manque, que la respiration s’arrête. Asphyxie des sens. Dans leur monde. On n’accepte pas les mensonges et encore moins la trahison. On ne revient pas de ça. Parce dans la famille, seule la confiance se doit de rester quand tout tombe en ruine. Ren sent presque son cœur se serrer, comme si l’oxygène lui manquait déjà. Il prend un mouchoir et s’occupe de cette main qui pourrait bien sonner sa fin un jour. Ren sourit doucement et hoche de la tête. Il le suit. Ils remontent dans la voiture. Cette fois, il n’y a pas de main qui serre sa cuisse. Il pense comprendre le geste. C’est plutôt positif pour lui. Si Isas commence à craindre les contacts physiques avec lui devant trop de gens c’est qu’il a peur pour lui. Quand on a peur de perdre quelque chose c’est qu’on s’y attache. Ren a un sourire distrait, la tempe contre la fenêtre et les yeux rivés vers le paysage qui se dessine et qui change. Ren reste en arrière quand Isas s’en va voir de nouveau gens. Il fait semblant d’être distrait sur son téléphone, un stupide jeu. Pourtant, son attention est partout. Il note l’endroit mentalement. Il connait déjà l’emplacement de deux clients des Ueda, peut-être même que son frère saurait comment mettre ces gens dans leur camp plutôt. Il ne comprend pas encore totalement la façon dont les choses se font chez lui mais il pense malgré tout que l’information pourrait être intéressante. Tout se termine et ils repartent à la maison, Isas un sachet en main. Ils arrivent bien vite. Main dans la main, Ren sourit. On dirait des adolescents. Quand on y pense, ils sont loin d’être réellement des adultes Malgré tout ce qu’on les pousse à faire. C’est juste le monde où ils sont nés qui les rend ainsi. « T’en fais pas pour ça, on a quand même passé du temps ensemble. Et puis, je ne veux pas que tu laisses ce que tu as à faire pour moi. » Sourire complice, il se rapproche un peu plus d’Isas. « On commandera de la pizza ? » demande-t-il automatique, comme un gosse, plus important, ses mots disent oui. Il regarde Isas. Isas qui le regarde, avec ses bandes et les petites fioles. « Je peux ? » Murmure doux alors qu’il attrape délicatement la main blessée et la retourne. Le sang n’était donc pas seulement celui de l’autre gars. Isas a dû taper bien fort. Il mouille un bout de tissu pour essuyer la main. La blessure est enfin visible, pas très profonde mais assez pour être douloureuse. Pourtant, le visage d’Isas est impassible. Il prend du coton qu’il imbibe d’alcool avant de tapoter doucement l’entaille. Ses mouvements sont méthodiques et parfaits. Il a tellement souvent soigné son frère et d’autres hommes de la maison, c’est presque un réflexe. Il bande ensuite sa main, faisant bien attention à ce que tout soit comme il faut. Son visage sérieux et concentré jusque-là se détend enfin, et il lève les yeux vers Isas. « Essaye de ne pas trop bouger ta main, d’accord ? » Il range les affaires qu’il a utilisées et attrape son téléphone, s’occupant dans leur commander de le diner après avoir demandé à Isas ce qu’il préférait. Il finit par s’assoir à côté de lui, très proche. Comme toujours. Leurs jambes et leurs épaules se touchent. Il prend sa main dans la sienne. « Ça fait mal ? » Regard inquiet.